Dimitri - Couloir © Simon Restino

Les Disparitions - une esquisse des costumes

École supérieure d’art dramatique du Théâtre National de Strasbourg, Strasbourg

La Quadriennale de Prague 2019 est l'occasion de réunir huit établissements nationaux d'enseignement supérieur formant à la scénographie en France pour partager la singularité de leurs pédagogies, mettre à l'honneur les formations qu'elles enseignent et faire découvrir les travaux des étudiants réalisés en écho à la Quadriennale.

Les Disparitions est un projet composé de 4 spectacles créés par les élèves des Groupes 44 et 45 de l'École du TNS. Les 51 élèves en formation dans les 4 sections de l'École du TNS, menés par les élèves metteurs en scène, s'emparent du texte Les Disparitions de Christophe Pellet pour en proposer 4 versions, 4 visions. Après 6 semaines de répétitions dans des conditions professionnelles, Les Disparitions seront présentés au public du 1er au 9 mars 2019 dans le cadre de l'autre Saison du TNS.

Zoom sur les maquettes des costumes de deux des pièces.

Les Disparitions font écho aux thématiques des pavillons de la France à la Quadriennale dans la mesure où elles explorent les thèmes de l'invention d'un autre monde et d'une communauté d'humains, régis par de nouveaux rapports. Les Disparitions de Christophe Pellet nous projettent dans un monde futur où les écrans, qui jusque-là faisaient partie de la vie quotidienne, ont disparu. Un autre rapport à l’autre peut alors s’engager, rapport au corps de l’autre − sexuel ou bien amoureux. Une spontanéité semble de nouveau possible.

Pour sa proposition de mise en scène intitulée Les Disparitions - Un archipel, Simon-Elie Galibert livre une vision d'un univers en déséquilibre fragmenté, un monde des interstices où le sens fuit. Dans un monde où les écrans ont disparu, les humains tentent tant bien que mal de recomposer une réalité. Dans Les Disparitions, Christophe Pellet dessine les trajectoires de six figures ; livrées avec plus ou moins de consentement à ce nouvel état des choses, elles forment un archipel de solitudes en quête de sens.

Les Disparitions s’inscrivent dans un entre-deux. D’abord dominé par les écrans l’humain avait déplacé sa « valeur-réalité », il l’avait dispersée ; puis les écrans ont disparu et la réalité n’a pas re-coagulé : elle est restée flottante (entre présence et absence, entre intégrité et dispersion). C’est cet entre-deux qui prend corps dans notre proposition : zone-interface composée à l’origine de la relation instable de l’homme à l’homme, désormais déplacée dans un au-delà de l’unicité. Lieu du court-circuit, du malentendu, des réactions en chaîne. La parole y a un autre statut, elle devient matière dans la matière et le réel ne souffre plus de définition durable ; le corps à l’instar des mots se dissout, se diffracte dans l’entre-deux. Nous décidons, à partir de la fable de Christophe Pellet, de dessiner à l’endroit du plateau une nouvelle intégrité, UN CORPS qui serait le moment du théâtre. En partie affranchis des figures, nous proposons de penser que seul l’instant du théâtre, par sa suspension, offre une réconciliation possible.
Les Disparitions - Un archipel, Simon-Elie Galibert (2019)

Simon Restino, apprenti-scénographe au TNS, donne corps à cette vision à travers les costumes et machines qu'il a réalisés :

Les Disparitions - Pièce de chambre mis en scène par Jean Massé, propose une lecture bien différente du texte. Le costume imaginé par Louise Digard traduit cette approche où la nudité devient point de fuite et peut-être même de salut.

Une boîte de toile où il n'y a plus rien d'autre à regarder que des corps nus.
Ceux-ci sont les figures d’un tissu d’histoires et de relations qui les enferment. Réduits à n’être plus que des images, ils cherchent à disparaître.
Mais s’ils ne parviennent pas à vivre tout à fait ensemble, ils ne sont pas perdus les uns pour les autres. Quand on ne sait plus se voir, il est possible d’élaborer de nouvelles manières de regarder. Et de s’aimer.
Les personnages qui traversent cette pièce ne parviendront peut-être pas à sortir de leur errance. Ils chercheront, toutefois, à emprunter des voix, des formes et des langages nouveaux en vue de se rencontrer ; à faire la lumière sur l’intime qui accompagne la possibilité de la révolte dans une réalité insupportable : aimer, est-ce déjà travailler à un autre monde ?
Les Disparitions - Pièce de chambre, Jean Massé (2019)

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