Lettre du premier jour

Ninth School, Nanterre-Amandiers

Ils sont huit inconnus pour l'instant - sept étudiantes et un étudiant - venus des quatre coins de la France. Leur point commun : ils étudient tous la scénographie et ensemble ils vont créer le pavillon des écoles que la France présentera à la Quadriennale de Prague en juin 2019. On les appelle la Neuvième école.
En ce début d'automne, cette école pas comme les autres est réunie pour la première fois, et elle fait connaissance à l'ombre du théâtre Nanterre-Amandiers, chacun présente son parcours et son univers.
Ariane fait partie de la Neuvième école. Elle aime les mots et elle a écrit une lettre pour raconter ce premier jour dans cette école singulière.

Paris, 20 octobre 2018

Chers,

J’ai envie d’écrire cette lettre à Émilie, Manon et Izumi et que je revois encore sur le pas de ma porte hier soir à agiter leur main en s’écriant :
« Profite bien de Paris ! »
« Tu nous raconteras tout hein ! »

J’aimerais également écrire cette lettre à Johanna, Harold, Elisa, Théo, Morgane, Ségolène, Juliette, Clara, Nolween, Yoonji, Eliane, Alla Klara, et nos deux Laura, qui sont avec moi tous les jours dans notre studio de scéno à Nantes. Aussi pour d’autres, les anonymes du grand réseau.

Écrire une lettre.

C’est probablement la lecture de Kyoto-Béziers de Pierre Duba et Daniel Jeanneteau qui m’inspire.
Dommage je n’ai pas de fax…
C’est aussi la correspondance de Simon qui m’a touché et a suscité une envie épistolaire. Simon je l’ai rencontré aujourd’hui, il est au TNS de Strasbourg, il y avait aussi Shehrazade de l’ENSATT, Clothilde de la HEAR, Lucie de la Sorbonne, Camille de la Villette, Estelle de Malaquais et Bianca des Arts Deco de Paris.

Bianca je l’avais déjà rencontrée une première fois en juillet pour la première réunion concernant la Quadriennale au théâtre des Amandiers- Nanterre. Cette fois je l’ai croisée dans le parc Malraux aux couleurs automnales. Il est à peine midi et la lumière est douce.

Au théâtre il y avait aussi Carole qui est aux relations publiques du théâtre et Damien, web manager (je crois que l’on dit comme ça) d’ARTCENA. On a déjeuné dehors sur les tables en bois.
François-Xavier, assistant de Philippe Quesne, était avec un groupe de master en mise en scène de l’université de Nanterre. Nous les avons salués dans la grande salle. Sur scène, le décor de Crash Park, dernière création de Philippe Quesne. Nous avions déjà vu le décor en juillet, il a évolué depuis la dernière fois. La tournette en bois est maintenant recouverte de cailloux de polystyrène et la végétation artificielle est foisonnante. L’avion de carton s’est transformé en tronçon de carlingue. Un poulpe est échoué derrière de grandes laies de plastique jaune. La première est dans trois semaines à Rennes. Philippe nous parle de ses doutes et difficultés à propos des laies jaunes. Lundi il faudra se décider. Trois rangées de fluos forment un plafond de lumière artificiel, pas très loin un tube pour la pluie.

« Oui il y a pas mal d’effets spéciaux » nous glisse Philippe Quesne.
Entre la pluie, l’île qui tourne et le volcan qui se réveille il y a de quoi faire ! On en profite pour discuter de la manière dont il travaille et comment la création avance.

On passe dans une petite salle, chacun montre son travail, son parcours, son approche de la scénographie, sa manière de représenter les choses … Les horizons de la scénographie sont larges et ouverts. On s’installe dehors, la neuvième école à ciel ouvert !
Vers 17 heures, nous avons à nouveaux l’occasion de discuter avec les masters de mise en scène autour d’un verre de cidre.
Soleil du couchant qui illumine les visages.
On fait un dernier point « plateforme numérique » ou plus communément appelé site web dédié à la Quadriennale. Elle sera le support pour relater un journal de bord des prochaines sessions ensemble.

Traversée du parc Malraux, accompagné des nouveaux acolytes de projet. Ce n’est pas encore la nuit mais ce n’est plus le jour.

Une lumière mélancolique mais agréable avant de plonger dans les souterrains du RER.

On se retrouve en novembre,

À bientôt,

Ariane (ensa Nantes)

Quelques photographies ci-dessous donnent un aperçu de cette première rencontre. Toutes légèrement floues, elles véhiculent par leur imperfection même cette ambiance des commencements aussi hésitants que pétillants de possibilités.